dimanche 6 avril 2014

Comme un délicieux parfum de fin de règne

Ecrit le 6 avr 2014 à 4:13 par François Falcon dans Poing de vue
 
Comme un délicieux parfum de fin de règneD’habitude, on ressent de l’amertume à voir son pays s’enfoncer sans espoir apparent de retour, à voir un territoire défendu jadis au prix de millions de morts désormais ouvert aux vents les plus mauvais, à voir la richesse d’une civilisation séculaire dilapidée en quelques années, à voir des valeurs millénaires foulées aux pieds par des pédants superficiels… mais il vient toujours un temps où cette plongée dans la déchéance devient jouissive. Pour certains, c’est la jouissance du porc dans sa soue mais pour tous les autres, c’est la joie profonde de celui qui sait que ce sont là les signes annonciateurs du renouveau, l’arc-en-ciel qui résulte de la rencontre de la pluie finissante et du soleil renaissant, le drapeau LGBT qui ne flotte plus que grâce au souffle de la Manif pour Tous.
Alors, n’hésitons plus, délectons-nous de cette valse des ministres, de ce théâtre de guignols, de cette farce hallucinante. Rions de ces journalistes aux perruques courtisanes, de ces perroquets
insipides et répétitifs, de ces courtisanes devenus maires. Écoutons ravis les chants sinistres de la corneille de la place Vendôme, du cygne de Matignon et du canard boiteux de l’Élysée. Applaudissons aux crachats pyrotechniques des associations anti-je-ne-sais-quoi pour ne pas dire antidémocratiques ; courbons-nous devant les pachas de Bruxelles, les imperators de Washington et les torquemadas de la Nouvelle Bien-Pensance. Acclamons les Grandes prêtresses adoratrices des veaux d’or : fausse liberté, fausse égalité, fausse fraternité, vraie servitude.
Oui, tout cela est enthousiasmant : ouvrez grand vos narines et enivrez-vous de ce parfum de fin de règne : il y a là un peu de l’odeur de 1958 avec tous ces clowns pathétiques sur le perron de Matignon, un peu du souffre de 1789 dans cette colère sourde et dévastatrice jaillissant des tréfonds de la nation, un peu de la myrrhe de 476 dans cet effondrement créateur. Courrez-donc aux balcons pour assister médusés à la chute de l’oligarchie, au relèvement du peuple de France, à la modeste résurrection de l’humanité.

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