mercredi 9 avril 2014

Déficits : l'Italie prend ses distances avec la France

Face à Bruxelles, le gouvernement Renzi maintient l'objectif de réduction des déficits à 2,6 % du PIB en 2014.
Pas question pour l'Italie de déroger à ses obligations européennes. Le gouvernement de Matteo Renzi s'est donné des objectifs de déficit public qui rentrent dans les clous de Bruxelles. Le déficit arrêté en Conseil des ministres pour l'année en cours, lors de l'adoption du «Document de programmation financière» qui sera présenté à Bruxelles ne devra pas excéder 2,6 % du PIB en fin d'année avant de tomber à 1,8 % en 2015.
Un niveau nettement inférieur aux anticipations que l'entourage du président du Conseil avait laissé filtrer ces dernières semaines, en laissant entrevoir la possibilité d'un dérapage du déficit public à 2,9 %, voire 3 % et même légèrement au-delà. Deux raisons à cela:
d'abord une conjoncture un peu meilleure que prévu. Selon l'Institut de la statistique italien, le déficit public s'est limité à 2,8 % en 2013, sous la barre des 3 %. Ce déficit moins important que prévu, donne plus de marge au gouvernement pour 2014.
Le deuxième facteur positif est l'assurance, acquise ces derniers jours, que les coupes budgétaires envisagées par le gouvernement seront moins difficiles à financer que prévu. Elles représenteront 10 milliards d'euros en année pleine, soit 6,6 milliards entre juin et décembre prochain, quand entrera en vigueur - fin mai - le cadeau fiscal de 10 milliards d'euros accordé aux ménages les plus modestes. Lors d'une conférence de presse, Matteo Renzi a annoncé mardi soir que l'État espérait recueillir cette année 4,5 milliards d'économies dans les dépenses de l'État. Il espère par ailleurs ramener le chômage de 13% à 12% en 2015. Ces mesures constituent «un préalable à la reprise économique: sans réforme, il n'y aurait pas de crédibilité», a assuré le premier ministre italien.

Renégociation salariale

Du même coup, on ne reparle plus à Rome de faire cause commune avec Paris devant la Commission de Bruxelles. Sur ce point, le ministre de l'Économie Pier Carlo Padoan est catégorique: «De nombreux pays devront ajuster leurs comptes. En ce qui nous concerne, nous sommes sortis l'an dernier de la procédure d'infraction pour déficit excessif et nous entendons défendre nos résultats en allant de l'avant avec nos réformes et la relance de notre croissance», déclarait-il la semaine dernière, lors de l'Ecofin d'Athènes. Ajoutant n'avoir vu «aucun axe entre Paris et Rome» pour déroger au seuil des 3 % de déficit: «l'Italie n'a nullement l'intention de passer outre à ce seuil».
Prudent, l'objectif de croissance retenu par le gouvernement pour 2014 inférieur à celui du gouvernement d'Enrico Letta: 0,8 % à 1,1 %. Les finances publiques bénéficieront de la baisse des taux qui allégera le service de la dette. Le gouvernement veut aussi croire que le retour de la croissance incitera deux milliards d'euros exportés de manière illicite à l'étranger à regagner le pays.
Mais l'Italie restera encore plombée par une dette publique exceptionnellement lourde pour un pays industrialisé. Elle reste figée à 133 % du PIB et ne commencera à décroître, selon les économistes, que lorsque les réformes sur la flexibilité du travail, les privatisations et les allégements fiscauxen faveur des entreprises commenceront à porter leurs fruits. Sur un point, les résultats devraient être rapides, sinon immédiats: la renégociation des salaires faramineux des grands commis de l'État. Une première circulaire les a limités à 311.000 euros par an, le salaire du premier président de la Cour de cassation. On parle maintenant de les aligner sur le salaire du chef de l'État, 240.000 euros par an.

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