dimanche 6 avril 2014

Les JRE : droit et devoir de retrait

Ecrit le 5 avr 2014 à 14:13 par Pierre-François Ghisoni dans Article
 
Farida BelghoulEst-ce bien Farida Belghoul qui a lancé l’initiative du JRE, le Jour de retrait de l’école ? Ma réponse est claire et nettement affirmée : ce n’est pas elle ! C’est – dois-je vous le donner en cent, en mille… à la façon de Mme de Sévigné ? – c’est François Hollande, président de la République.
En effet, c’est bien lui qui a usé et abusé de son pouvoir par Taubira et consorts interposés pour reprogrammer les jeunes esprits malléables en leur inculquant, dans le cadre autoritaire de l’école, des théories dont nous ne connaissons pas les résultats à long terme.
UN SOUTIEN INATTENDU
Alors oui, Mme Belghoul a bien eu raison d’apporter son soutien immédiat à François Hollande en lui montrant la marche à suivre : faire appliquer séance tenante le fameux principe de précaution, introduit dans la Constitution de la Ve République par une révision constitutionnelle du 1er mars 2005. Il affirme que : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des
connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »
Or l’environnement dont il est question, n’est rien d’autre que l’équilibre des fonctions naturelles des relations humaines et de la sexualité qui conditionne « peu ou prou » le devenir de l’espèce humaine. Et le JRE, n’est-ce pas une mesure provisoire et proportionnée ?
Sachons donc défendre les « chères petites têtes blondes… et brunes, et rousses, et vertes et bleues, et multicolores et diaphanes et… en ai-je oublié ? » en toute légalité, avec l’appui du président Hollande, garant de la Constitution. Je suis d’ailleurs étonné qu’il n’ait pas donné à Mme Belghoul un rôle bien marqué dans son nouveau gouvernement. Un oubli bientôt réparé j’espère ?
IL EXISTE DES PROTECTIONS LÉGALES
À tout hasard, si Monsieur Hollande ne suivait pas les conseils de Mme Belhgoul, d’autres approches légales ne sont pas à dédaigner.
LE RÈGLEMENT, C’EST LE RÈGLEMENT
Celle qui spécifie le nombre des quatre demi-journées d’absence à partir desquelles la machine administrative scolaire doit « questionner » les parents. J’espère que le calcul mental est toujours enseigné : une journée correspond à deux demi-journées qui sont inférieures à quatre. À tout hasard…
LE DROIT DE RETRAIT DU TRAVAIL
Celle du droit du travail, juvénilement adapté
de son article L-4131-1 : « Le travailleur alerte immédiatement l’employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection.
Il peut se retirer d’une telle situation.
L’employeur ne peut demander au travailleur qui a fait usage de son droit de retrait de reprendre son activité dans une situation de travail où persiste un danger grave et imminent résultant notamment d’une défectuosité du système de protection. »
Remplacez les mots travailleur et employeur par écolier et chef d’établissement : vous avez les bases d’une saine discussion jusqu’au haut de l’État, en passant par tous les intermédiaires. Nul doute que certains syndicats en deux, trois ou tant et plus de lettres viendront cautionner un élargissement des droits acquis…
LA PROTECTION DES ENFANTS AU TRAVAIL
D’ailleurs cette situation n’a pas échappé à la protection des enfants dans les spectacles.
On pourrait prendre comme base de discussion les mesures de protection obligatoires pour un enfant qui doit travailler dans une entreprise de spectacle. Le Référentiel pour l’examen médical préalable à l’emploi d’un enfant de moins de 16 ans dans le spectacle, les professions ambulantes, la publicité et la mode est une mine de pistes à suivre. Citons-le :
« Il faut connaître les contraintes physiques et psychiques imposées à l’enfant par l’emploi. Pour le spectacle-tournage de films, la lecture du scénario par le médecin et la connaissance du plan de travail préalablement à la visite médicale de l’enfant sont indispensables. Cela implique que ces documents de base du travail cinématographique, datés, soient communiqués au médecin au moins quinze jours avant la visite médicale qui doit donner lieu à la rédaction du certificat, pour que le médecin ait le temps d’en faire une lecture attentive avant de voir l’enfant et ses parents. Le temps requis pour la lecture d’un scénario est de deux à trois heures. Le plan de travail et la note d’intention précisent clairement l’histoire, le rôle de l’enfant, les conditions de tournage, le remplacement de l’enfant pour les scènes délicates [...] Ils permettent au médecin et à la Commission consultative d’identifier les risques réels ou potentiels pour un enfant, de préparer les questions à poser à l’enfant et à ses parents. [...] L’attention sera portée plus particulièrement sur les éléments suivants, dans le respect du code du travail et de la protection de la santé physique et psychique de l’enfant, éléments qui peuvent constituer une grille de lecture : absence de scène de nu et de scène d’amour (à noter que « la moralité » n’est pas du ressort du médecin mais de celui de la Commission. En revanche, cela peut lui permettre de percevoir un effet négatif possible sur la santé psychique de l’enfant en fonction de son âge,de sa maturité ou de ses antécédents). »
LE MÉDECIN DE FAMILLE
Mais qu’en est-il du médecin de famille ? Alors que nombreux sont ceux qui se plaignent de l’avalanche de certificats médicaux demandés pour les activités de plein air, les sorties au musée, les travaux pratiques, et bien sûr pour aller à l’école, ne serait-il pas temps, à l’occasion de ces programmes de reprogrammation des comportements naturels, de demander leur avis, leur suivi, éventuellement, un « vrai » certificat prenant en compte le suivi psychologique de l’enfant. Quelle qu’en soit la teneur, de bonnes questions auraient été posées dans une ambiance plus indépendante (au moins l’espérons-nous). Et si tel n’était pas le cas, il serait toujours temps de rechercher « son » médecin de famille.
LES CELLULES DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE
Reste encore une porte à ouvrir : celle des cellules de soutien psychologique, tellement mises en avant par ailleurs. Il en existe pour les témoins ou victimes d’accidents et d’agressions. Un député à proposé d’en créer pour les jurés d’assises. Elles sont parfois décriées, comme tout ce qui touche aux équilibres psychologiques. Il n’empêche : elles n’ont vu le jour qu’après des dizaines d’années pendant lesquelles les névroses traumatiques étaient niées… avant de forcer le mur du silence ou du mépris. Attendrons-nous des dizaines d’années pour que l’Éducation dite nationale revienne sur ses bévues ? Ici, l’enseignement de la lecture et de l’orthographe nous donne le droit d’être pessimistes.
UN PEU DE BON SENS
Mais au fait. Si l’État voulait bien s’occuper d’instruction et laisser l’éducation aux parents, tout ne serait-il pas plus simple ? Et plus… démocratique ? En ce cas, personne n’aurait besoin, ni de Farida Belghoul ni de François Hollande.
Il est des jours où l’on se prend à rêver sur des sujets graves, et à s’autoriser une pointe d’humour… tout en laissant quelques cailloux blancs.

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