Je suis proprement sidéré que toutes nos élites ne soient pas plus conscientes d’une évidence : il ne nous reste plus que 24 mois avant que les colères françaises se cristallisent autour du Front national pour le porter au pouvoir à Paris. Et comme certaines promesses sont viscéralement dans l’ADN du FN, Marine Le Pen devra ce jour-là 1°) faire sortir la France de l’Union européenne 2°) dynamiter l’euro 3°) instaurer la préférence nationale, c’est-à-dire le tri des hommes sur notre territoire (notamment dans nos sociétés de HLM). C’est à dire mener une politique misérable, résolument anti-française.
Dans 24 mois - demain donc -, tout sera plié.
Si dans les 24 mois à venir un espoir solide ne naît pas en-dehors du cadre des partis discrédités, s’en sera fini de la France républicaine - celle qui a toujours rêvé d’inclure tout le monde.
Si dans les 24 mois qui nous restent encore vous vous obstinez à croire, cher lecteur, en l’homme providentiel au lieu de parier sur un peuple providentiel, vous n’aurez plus en 2017 que vos yeux stupéfaits pour pleurer.
Si au cours de ce délai très bref vous n’agissez pas vous-même - au lieu de tout attendre d’un Nicolas Sarkozy, par exemple (êtes-vous au courant que les Français ont pour de vrai viré cet homme ?) ou d’un ou une autre - vous êtes positivement fou.
Si dans les 24 mois décisifs que le destin accorde encore à la France - si nous les avons ! -
vous persistez à croire que la solution à notre déconfiture nationale viendra d’en haut, vous aurez un jour honte devant vos enfants. Que leur direz-vous ?
Si pendant ces ultimes mois de sursis - où l’orchestre continue à jouer sur le pont, juste avant de sombrer - vous continuez à vous persuader que le FN n’a pas atteint « le statut de parti de gouvernement », vous êtes complètement dingue. La nation, dans ses profondeurs, est désormais convaincue - avec quelques raisons - que l’UMP, le PS et le centre n’ont plus le statut de partis de gouvernement crédibles. Dans le fond de nos quartiers, le renversement de la charge de la preuve a déjà eu lieu. Les partis républicains - et leurs chefs qui jacassent sur les chaînes info - ne sont plus crédibles que pour les élites qui s’auto-congratulent et se cooptent !
Et cela ne fera que s’aggraver car le PS est un tohu-bohu et l’UMP demeurera dans les 24 mois à venir un parti de Diseux, inapte à regagner du crédit moral en rendant tout de suite service aux classes populaires.
Tout déni de ces réalités pénibles coûteront, le moment venu, extraordinairement cher à la France - donc à notre espèce car la France, par vocation historique, ne roule par pour elle mais bien pour l’Homme. Tout déni de ces vérités revient à rajouter des balles dans le barillet du revolver pointé sur la tempe de notre nation.
Désormais chacun le sait en son for intérieur, les partis ne sont plus la solution mais bien le problème. Quoi qu’ils fassent - retour de untel ou rassemblement de naufragés de la politique autour d’un autre - l’essentiel se jouera dans ce que fera ou non la société civile. Restera-t-elle timide, fidèle à ses corps intermédiaires calcifiés, donc spectatrice de sa déroute, ou aura-t-elle assez de courage pour s’autonomiser, croire enfin en elle-même et surgir sur la scène publique par des modes d’action neufs ? Dans le mouvement des Zèbres (qui prend chaque jour une ampleur inattendue), nous fédérons ceux qui ont choisi d’être acteurs, ceux qui savent qu’il ne nous reste vraiment que 24 mois, ceux qui sont la vie même qui se rebelle contre la fatalité. Ces Faizeux de terrain diront un jour à leurs enfants : je savais, et je me suis bougé le cul avant la catastrophe !
Le président de l’association des Zèbres - Guillaume Villemot - est un inconnu qui, voilà quelques mois déjà, s’est regardé dans le miroir en se rasant et n’a pas dit Je mais Nous. Son petit moi ne l’encombre pas. Devant son miroir, il n’a pas répété treize fois « moi, moi, moi ». L’anaphore égocentrique n’est pas son dada. Il s’est tout simplement dit : «On a tous un jour rendez-vous avec les autres». L’histoire généreuse de Guillaume Villemot, ancrée dans nos territoires, raconte celle des autres Zèbres. Ce Faizeux modeste - il est entrepreneur - avait monté le « Festival des conversations », en entreprises ou dans des villes, proposant des solutions simples et concrètes parce que dans un monde multi-connecté et démesurément agressif, la conversation permet d'être moins seul et de trouver des solutions. Et soudain, Guillaume prend vraiment conscience que la société civile, par ses savoir-faire et ses faisceaux d’initiatives citoyennes, peut être un recours collectif. Le discrédit de notre classe politique nationale le commande.
Malgré les mille charges de son boulot de chef d’entreprise, cet homme s’est réveillé afin de structurer un pôle de crédit moral en France, un rassemblement de Faizeux, et pour que se tisse une alliance opérationnelle entre les citoyens agissants et les Maires de France. Il s’agit bien de résoudre, dans tous nos territoires, le problèmes concrets des populations par la mobilisation citoyenne autour de pratiques efficaces. Comme tous les leaders des programmes qui ont rejoint les Zèbres, c’est un «maker». Il pense, comme moi, que les politiques ont toujours eu pour réflexe d’instrumentaliser la société civile au lieu de la libérer. Eh bien nous la libérerons, la décomplexerons, la désassujettirons.
Guillaume Villemot désire, comme nous tous, que la montée en puissance de la société civile la place en position, un jour prochain, de signer avec l’Etat de vastes contrats de mission afin de donner à des opérateurs civils - associatifs, entreprises, mutualistes - les moyens d’atteindre enfin les objectifs que la nation s’assigne. Guillaume Villemot sait bien - avec d’immenses raisons - qu’à un moment donné la société civile imposera ce nouveau Yalta entre les énarques de gauche et de droite et la société civile constituée en force optimiste. Parce qu’il faudra bien en finir avec l’impuissance de notre système en replaçant les Faizeux crédibles au premier plan de notre vie nationale. Des Guillaume Villemot de coeur, nous en voyons surgir tous les jours : militants associatifs, entrepreneurs, passionnés de coopératives, de mutualisme, fonctionnaires courageux. Ils et elles sont les leaders que la France des territoires invente, rompus à l’action de terrain.
De grâce, ne rajoutez pas une balle dans le barillet du revolver qui nous menace en vous défaussant et en haussant les épaules alors que je termine cet article : il ne reste vraiment que 24 mois ! C’est à la société civile - donc à vous - de jouer notre dernière carte. Bougez-vous le cul !