lundi 8 septembre 2014

François Hollande, entièrement dévoué au “service des pauvres” : quel bilan après 28 mois de pouvoir ?

Le Contexte Macroéconomique

Croissance
Nicolas Goetzmann : Suite aux accusations dont il a fait l’objet, François Hollande déclarait "Je ne laisserai pas mettre en cause la relation humaine que j'ai avec les plus fragiles, les plus modestes, les plus humbles, les plus pauvres, parce que je suis à leur service et parce que c'est ma raison d'être, tout simplement ma raison d'être".
Si la raison d’être du chef de l’état est de se mettre au service des plus fragiles, il reste à déterminer quelles seraient les conditions nécessaires pour parvenir à des résultats. Et d’un point de vue macroéconomique, le facteur le plus efficace de lutte contre la pauvreté reste encore la croissance. En effet, si un état de pauvreté est constaté au cours d’une année, le meilleur moyen d’en sortir est d’offrir les conditions permettant à la population d’accroitre ses revenus, c’est-à-dire de bénéficier d’une partie de la croissance du pays. Sans croissance économique, cet objectif ne peut que s’éteindre. Malheureusement, il n’est pas difficile de constater la quasi-stagnation de l’économie française depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande dans le graphique ci-dessous :
Evolution de la croissance trimestrielle. France. (En bleu) et seuil de croissance permettant la création d’emplois (rouge). Source INSEE.
(Cliquez sur les graphiques pour les agrandir)
Au cours des 8 trimestres passés depuis mai 2012, seul le deuxième de 2013 a pu afficher un niveau de croissance
suffisant à la création d’emplois. 1 sur 8. Les autres trimestres ont été trop faibles pour y parvenir.
Chômage
Bien évidemment, une telle faiblesse de l’activité économique se traduit par une compression des effectifs des entreprises, et une hausse du taux de chômage. C’est ainsi que les chiffres de la catégorie A du pôle emploi s’est alourdie de 500 000 chômeurs supplémentaires depuis la dernière élection présidentielle, comme cela est indiqué dans le graphique ci-dessous :
Catégorie A. Evolution du nombre de chômeurs depuis mai 2012. Source Dares. En milliers
La problématique du chômage et de la pauvreté repose sur le fait que ce sont les catégories les plus fragiles qui se trouvent les plus lourdement touchées par cette situation. En effet, si les cadres sont atteints par le chômage pour moins de 4% d’entre eux, ce sont les ouvriers les moins qualifiés qui sont en première ligne. Une réalité qui se confirme en observant le découpage du chômage en catégories socioprofessionnelles :
Chômage par catégories socio-professionnelles. Source Insee. Données 2012
En 2012 déjà, plus de 20% des ouvriers non qualifiés étaient au chômage. Il est à noter qu’en moyenne les ouvriers non qualifiés gagnent 44% de moins que la moyenne des salariés (et 25% après redistribution), et ce, lorsqu’ils travaillent.
Une fois que cette situation est assimilée, les conditions sont posées pour comprendre le phénomène des inégalités de revenus. En effet, dès lors que les cadres bénéficient d’une situation de quasi plein emploi, tout point de croissance supplémentaire aurait pour effet de bénéficier à la croissance de leurs revenus. De l’autre côté du spectre, les ouvriers non qualifiés. Puisque le taux de chômage est supérieur à 20% pour cette catégorie, la pression à la basse sur les salaires y est très forte. Aucune marge de manœuvre n’est possible pour voir son salaire augmenter, l’offre de travail est bien trop supérieure à la demande. Pour qu’une réelle progression des revenus voie le jour, il serait nécessaire que le pays connaisse plusieurs années d’une forte croissance afin que le taux de chômage revienne à un niveau permettant l’apparition d’une tension sur le marché de l’emploi, c’est-à-dire une situation de plein emploi. A partir de cet instant, les salaires pourront progresser. Mais en attendant, le phénomène inégalitaire est bien parti pour perdurer sur les mêmes bases que les années précédentes :
Progression de niveau de vie. 1er décile. 9e décile.France. Données INSEE
Revenus
Evidemment, sans croissance, les revenus des français ne peuvent progresser. C’est ainsi que le revenu disponible brut des ménages n’a progressé que de 0.5% en 2012, puis de 0.6% en 2013 ; c’est-à-dire les pires progressions (en dehors de l’année 2009) historiques de cet indice.
Progression du revenu disponible brut des ménages. France. En %/ INSEE
Une telle stagnation des revenus a pu entrainer une baisse du pouvoir d’achat des ménages de 1.8% en 2012 puis de 0.6% en 2013. Une baisse qui frappe avant tout les plus pauvres.
Lorsque la croissance stagne, les premières victimes sont les plus pauvres. Si François Hollande veut démontrer que son objectif politique est d’aider les plus démunis, il n’a d’autre choix que de…changer de politique. C’est-à-dire de promouvoir un cadre de forte croissance en France…et en Europe puisque les outils nécessaires à un tel objectif ne sont actionnables qu’au niveau européen. La mise en place d’un objectif de plein emploi pour la BCE, puis, au niveau national, la réforme du marché de l’emploi et les serpents de mer que constituent les fameuses réformes structurelles.

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