mardi 16 septembre 2014

Onfray et la bêtise de la gauche

Posted On 16 sept 2014

Goldnadel

Après avoir ironisé sur l’enseignement de la théorie du genre à l’école, Michel Onfray a essuyé une salve de critiques. Gilles-William Goldnadel y voit la marque des obsessions chroniques de la gauche morale.

Je suis furieux contre Joséphine. Cette ancienne militante socialiste a publié chez Plon «La bêtise de gauche*» que j’avais promise pour la fin de l’année à un autre éditeur. Tant pis pour moi. Tant mieux pour nous. J’aurais passé beaucoup de temps et user beaucoup d’encre à écrire ici et là que plutôt qu’insulter la gauche de ce pays, il fallait la moquer en lui visant la tête.

Il n’est plus nécessaire de la toucher au cœur, depuis que la morale de la gauche du même nom a explosé en vols, rapines et impostures.
Lui reste le cerveau qu’elle voudrait préserver au moyen des médias qui lui sont réservés.
Las, Joséphine décrit sans fard ses camarades d’autrefois, hier encore flambants, qui rasent, penauds, les murs.
C’est vrai qu’ils sont rasants, ceux qui rasaient gratis. Il fut un temps, pas si vieux que cela, d’avant Léonarda, ou
pour briller en ville ou auprès de ces dames, rien ne valait mieux que de porter à gauche.
Je me souviens d’un ami aujourd’hui mon confrère, en veine de confidences sur les bancs de la fac, me confiant en riant, qu’il avait décidé de se faire progressiste, rien que pour mieux progresser dedans le cœur des belles.
Je ne recommanderais pas aux jeunes Bel-Ami et autres Rastignac d’user des mêmes recettes, aujourd’hui éculées.
Qu’on ne se méprenne pas: je ne veux pas prétendre que la gauche est stupide et ma droite, géniale. Il fut un temps, où la droite bornée, incarnait la bêtise et la méchanceté. Et la gauche française a tout lieu de regretter Zola, Clémenceau et même Léon Blum.
C’était avant qu’elle soit contaminée, fascinée, complexée, intoxiquée par la gauche des extrêmes, marxiste, léniniste, communiste, trotskiste ou soi-disant écologiste.
Point n’est besoin, pour établir la bêtise de gauche, d’aller chercher bien loin les preuves qui l’attestent.
Je pourrais certes convoquer en justice la loi de Mme Taubira, qui s’en remet désormais, la prison obsolète sauf pour ses opposants, à des fonctionnaires qui n’existent pas pour remettre dans le droit chemin des délinquants condamnés à des peines inexistantes. On peut prévoir à l’avance les effets d’une telle politique sur les délinquants goguenards et leurs victimes.
Sans être devin, ni expert immobilier, il était tout aussi facile de prévoir (et je l’avais prévu dans d’autres colonnes) les effets de la loi de Mme Duflot sur le marché du logement.
Vouloir opposer idéologiquement, dans un jeu de rôle stupide, propriétaires vautours à des locataires-proies, ne pouvait, mécaniquement, que raréfier l’offre de logements anciens, comme anémier la construction de nouveaux habitats.
A fortiori, pour qui savait que les propriétaires impayés avaient déjà toutes les peines du monde à faire exécuter les locataires atteints de phobies administratives.
C’est, au surplus, dans ce cadre existant, et alors même que les tribunaux civils sont déjà paralysés, que Mme Duflot a eu l’excellente idée de prévoir leur saisine aux fins de contestation du loyer accepté…
Le mot stupidité n’est pas trop mal trouvé.
Mais c’est déjà trop loin. Pour prouver la bêtise gauchisante, chaque jour nous apporte son comptant d’évidences.
Ainsi, jeudi dernier, la lecture gratuite de «20 minutes» nous apprend qu’un préfet a décidé de reloger dans le parc réservé, une famille expulsée par arrêt de justice pour avoir manqué au respect de la tranquillité. Ladite famille avait toléré un trafic de drogue à l’intérieur du logement HLM, pratiqué par un enfant majeur, depuis condamné. Pour faire bonne mesure, le jugement d’expulsion n’a pas été exécuté.
Il faut dire que pour arriver à ces dénis de justice et d’autorité étatique, l’extrême gauche de Boulogne sur Seine n’aura pas ménagé les pétitions indignées.
Pendant ce temps, les familles honnêtes et nécessiteuses, éligibles pour obtenir un logement au loyer modéré, devront patienter.
Qui fait la bête, ne fait pas toujours l’ange.
Je me garderais bien, révérence oblige, de ranger le quotidien du soir dans la catégorie aujourd’hui étudiée, mais j’avoue que le dernier article publié à propos de Michel Onfray me laisse un peu douter.
Dans la rubrique des «Décodeurs», l’homme se situant pourtant à gauche, y est taxé samedi «de philosophe de comptoir» pour avoir osé dire vendredi au micro de France Inter que la théorie du genre ne devait pas être enseignée à l’école publique, qui serait mieux inspirée d’apprendre à lire et à compter.
Horreur et damnation. Il est vrai qu’Onfray s’est permis de remettre en question l’un des nouveaux dogmes de la gauche qui se pense toujours intelligente. Ici même, dans une précédente chronique, j’ai cité ad nauséam les déclarations de la nouvelle ministre de l’éducation nationale se réclamant de la théorie du genre, comme les nombreuses citations des ABCD, à l’en-tête du ministère précité, qui reprennent expressément les théories sur une différence sexuée qui n’existerait que culturellement et non dans la nature.
Je ne suis pas loin de parier qu’Onfray va réfléchir à sa localisation géopolitique. Il mérite mieux.
Et que penser enfin, dans un autre domaine, de cette ancienne militante antiapartheid, et toujours féministe qui se répandait vendredi sur les ondes radiophoniques d’une antenne étatique pour dire tout le mal qu’elle pensait de la décision de la justice sud-africaine acquittant Oscar Pistorius de l’accusation d’assassinat sur son ancienne compagne? Cette dame y a vu une double offense faite aux femmes et aux noirs. Je ne connais pas le dossier, mais je sais que la victime était blanche et que la juge est noire. Je sais aussi que l’Afrique du Sud est aujourd’hui gouvernée par sa majorité colorée. Je sais encore que l’ancien athlète a été convaincu d’homicide involontaire.
Je sais surtout que l’obsession de l’antiracisme a aujourd’hui remplacé à gauche l’obsession de la race qu’une certaine extrême droite portait en étendard.
Il n’est pas interdit d’y voir, sinon la marque de la nouvelle bête immonde, au moins le signe de la bêtise sinistre.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro.

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