L’affaire Thévenoud est un mystère : comment comprendre qu’après le scandale Cahuzac, il se soit encore trouvé un seul élu socialiste prêt à entrer au gouvernement avec les mains sales, ou, en tout cas, pas vraiment propres ? Comment imaginer ce sentiment d’impunité, cette légèreté dévastatrice qui a fait croire à un élu de la République qu’il serait, par sa fonction, au-dessus de toute règle ? Ou qu’il serait suffisamment introduit pour avoir une chance de se faufiler entre les contrôles ?
Cette culture du passe-droit est insupportable. D’où qu’elle vienne, gauche ou droite. Au moment où des millions de Français se demandent comment ils vont réussir à payer le solde
de leur impôt sur le revenu, découvrir que l’un de ceux qui ont voté avec le plus d’empressement cet assommoir fiscal est un fraudeur est révoltant.
Bien sûr, Thomas Thévenoud n’a pas, pour ce qu’on en sait, le même degré de culpabilité ni d’indignité que Jérôme Cahuzac. Mais ce qu’il représente est ravageur, et la seule perspective de le voir revenir maintenant sur les bancs de l’Assemblée nationale semble une insulte à tous les contribuables en règle avec leur percepteur, tous ceux qui n’ont pas, comme lui, de « problèmes de conformité » (!) avec le fisc.
Les deux septennats de François Mitterrand n’avaient pas manqué de scandales d’argent ni d’affaires liées à sa vie privée. Tout se passe aujourd’hui comme si François Hollande et les siens avaient oublié la leçon du passé, occulté cette part sombre de leur personnage historique pour retomber dans les mêmes travers : l’argent et les secrets d’alcôve. Loin de s’être corrigée depuis cette époque, la gauche morale, celle qui se drape si volontiers dans sa dignité et revendique si bruyamment d’avoir des valeurs, ressemble à nouveau à la gauche du fric et des descentes de lit.