Le projet de loi de finances présenté ce mercredi s’annonce comme une mascarade. Construit sur une prévision de croissance d’autant plus hypothétique que tous les objectifs de 2014 ont été ratés, le budget pour 2015 promet des économies dont on ignore toujours le détail et des réductions de dépenses qui ne sont en réalité que de moindres augmentations. Avec, en point d’orgue de cet enfumage, la garantie de parvenir aux fameux 3 % de déficit... en 2017.
Ce n’est certes pas la première fois que cet exercice annuel pèche par excès d’optimisme au point de frôler la totale mauvaise foi. Mais cette fois, la France s’exprime après plusieurs graves dérapages et sous le contrôle inquiet de ses partenaires européens et de Bruxelles. Or que peuvent-ils observer ? Rien. Rien qui ressemble à une vraie réforme des structures de l’Etat. Rien qui donne corps à cette grande promesse de simplification de l’enchevêtrement territorial. Rien qui réduise véritablement le poids de la sphère publique et encore moins celle de nos déficits.
Rien, et pourtant les Français semblent persuadés que le pays est plongé dans l’austérité. À force de s’autoproclamer « gouvernement le plus courageux et qui taille le plus dans les dépenses », l’exécutif installe en effet une ambiance de contrainte qui n’a rien à voir avec ce que serait une véritable maîtrise des dépenses publiques. Pour la plupart, les contribuables, assommés d’impôts, sont au bord de l’étranglement. Les élus protestent, les collectivités territoriales s’époumonent, les syndicats menacent. Et aucune amélioration ne se dessine du côté des comptes publics. C’est peut-être cela, le plus grave : que cette mascarade épuise les Français et les décourage avant que les efforts ne commencent vraiment.