vendredi 3 octobre 2014

NESTOR JUPPE, LE VIEUX SAGE ?


Gabriel Lévy
03 Octobre 2014

D’accord, son prénom est Alain, mais que de ressemblances lui prête-t-on avec le Nestor de la mythologie : « le plus sage des héros de la guerre de Troie », « vieillard encore vaillant sur le champ de bataille, écouté avec respect par tous, surtout pour ses avis, son expérience » (Wikipedia).
Si l’on en croit les sondages, et il y croit lui-même certainement, il présenterait toutes ces qualités. « Le meilleur d’entre nous », nous répète-t-on depuis 40 ans. 
Son âge
Il admet « ne pas être un poulet de l’année » (in : « des paroles et des actes » du 02/10/2014). Certes,  il est âgé sans être un « vieillard ». Il sera candidat à 72 ans quand De Gaulle, qui n’en avait que 68, croyait toutefois devoir rassurer les Français en rappelant que « ce n’est pas à cet âge qu’on devient dictateur ». En la circonstance, accordons-le à M. Juppé, si à cet âge les dirigeants des sociétés du CAC 40 sont écartés, il ne s’agit pour lui que d’une présidence éphémère de la République Française. Un seul mandat. « Il en a (tant) rêvé » dit-il (ibid).
Ses avis
Ses électeurs n’ont pas eu à s’en réjouir lors de la dissolution de l’assemblée nationale quand il était premier ministre. Un avis sur le sujet, au demeurant changeant, puisqu’en 2014, il affirmait : « Je ne
crois pas à la dissolution car je ne crois pas aux vertiges suicidaires des députés socialistes ». A l’époque, il aurait pu s’abandonner seul à ce vertige suicidaire en démissionnant, sans entrainer ses amis députés dans l’explosion.
Les contribuables lui doivent l’aggravation de l’ISF en 1996 - qu’il veut supprimer aujourd’hui – en inventant le plafonnement du plafonnement des patrimoines supérieurs à 1,5 millions de Francs.
Pierre Dac rappelait que « les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ». Les récents évènements montrent que la clairvoyance de l’ex-ministre des affaires étrangères, n’était pas la première de ses qualités quand il déclarait dans l’Egypte de M. Mohamed Morsi : “Plusieurs de ces jeunes (Frères musulmans) m’ont fait part de leur vision d’un islam libéral et respectueux des règles démocratiques”.

Il est vrai, que selon M. Ivan Rioufol (Le Figaro du 12 mai 2014) : « Juppé reconnaît : «Jamais, tout au long de mon parcours scolaire et universitaire, on ne m'a proposé d'ouvrir le Coran, dont j'ignore à peu près tout ». Cette ignorance ne l’empêchait pas d’affirmer : « la présentation qui est parfois faite de ce mouvement mérite sans doute d’être révisée», et d’ajouter : «nous nous sommes peut-être laissés intoxiquer quand on nous disait ces dernières années : “Les régimes autoritaires sont le seul rempart contre l’extrémisme.» ? La stratégie qu’il avait proposée et fait adopter se finit en désastre en Libye et en Syrie

Abrupt dans ses jugements comme dans ses avis, il scotomise une partie des faits. Il néglige par exemple la préservation des populations israéliennes frontalières, quand il s’interroge sur : « ce qu'Israël peut espérer de son offensive actuelle contre la bien dénommée bande de Gaza (...) où il cherche à détruire les bases du Hamas, mais où l'on voit surtout des familles terrorisées prises au piège sous les bombardements de Tsahal".

Ce n’est pas seulement en politique étrangère qu’il « choisit la voie molle et centriste », « l’apaisement »… ou les méandres, rançon de son ancienneté politique. « En 2002, selon I.Rioufol (ibid), celui qui était alors président de l'UMP se disait prêt à suivre l'air du temps qui était à l'altermondialisme, mouvement aujourd'hui disparu. Le multiculturalisme qu'il caresse aujourd'hui avec une semblable légèreté lui réservera la même déconvenue».

Son expérience 
L’expérience, c’est « le nom que chacun donne à ses erreurs ». Ni en ses erreurs, ni en ses fautes, il n’a manqué d’expérience : un gouvernement conduit au désastre en 1997, ses échecs à la députation (2007), le secrétariat général d’un parti politique qui pourvoyait à des emplois fictifs  …et… une expérience, en théorie inattendue, des prétoires du tribunal correctionnel de Nanterre et de la cour d’appel (2004), des appartements « familiaux » dans des HLM que l’on est obligé d’abandonner…
Le soutien aujourd’hui de M. Chirac est mal venu. Leur action conjointe dans la mise en place des emplois fictifs de la mairie de Paris, reconnue par la justice, a coûté 2 ans de prison avec sursis à un ancien président de la République, et 14 mois avec sursis, à son protégé.

En revanche, la condamnation (trop) exemplaire, à 4 ans de prison, dont un an ferme, d’une (obscure) députée socialiste, provoque en ce moment une campagne de signatures en faveur de l’inéligibilité à vie pour les hommes politiques condamnés. Quel est le candidat qui l’inscrira dans son programme ? 

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