mercredi 13 mai 2015

La leçon britannique à l’usage de nos politiques


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En septembre 2013, la chancelière Angela Merkel était réélue triomphalement pour un troisième mandat de suite. Les sondages et les commentateurs politiques (français surtout) avaient prédit un score très serré et l’obligation de composer un gouvernement de coalition. En cause, affirmaient-ils, l’austérité des réformes, les nombreux emplois précaires malgré la baisse du chômage et une certaine lassitude de l’électorat. Deux ans après, on nous a ressorti la même histoire lors des élections britanniques : les dures
réformes lancées par David Cameron en 2010 n’ont pas été vraiment adoptées par les Britanniques et la baisse du chômage serait due surtout à une forte augmentation des contrats « zéro-heure » avec de terribles conséquences sur la précarité de l’emploi.

D’ailleurs, son principal adversaire, le leader travailliste Ed Miliband, a fait campagne en faveur d’un retour de l’Etat providence et pour une hausse du salaire minimum. Rappelons que depuis le début de son mandat en 2010, David Cameron a supprimé environ 600 000 postes de fonctionnaires (dont 100 000 au niveau local), a baissé les impôts (la tranche supérieure de 50 à 45 % et l’IS de 26 à 20 % alors qu’il est à 36 % en France) et a lancé de fortes baisses de dépenses publiques. L’IREF vient de montrer dans une Etude récente que les économies faites dans les ministères britanniques sont jusqu’à 6 fois supérieures par rapport à ce que propose le gouvernement français.
Quels sont les résultats de cette politique d’austérité : entre 2010 et 2014, l’économie britannique a créé environ 2 millions d’emplois nets (1 000 emplois par jour) et les contrats zéro-heure représentent moins de 3 % du total. Le chômage est deux fois moins élevé qu’en France et David Cameron est réélu haut la main en obtenant même la majorité absolue. Le score obtenu par Cameron, c’est du jamais vu depuis Thatcher. D’ailleurs, ceux qui prévoyaient des élections serrées auraient pu se rappeler que lorsqu’on faite des réformes importantes, on a de très fortes chances d’être réélu, même plusieurs fois de suite.
Dans les années 1980, Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont profondément transformé leurs pays en demandant aux électeurs beaucoup de sacrifices. La première a été réélue trois fois de suite, le deuxième a conservé son mandat en 1984 en remportant 49 Etats américains sur 50 ! Plus tard, Tony Blair, candidat de la « gauche » britannique a même approfondi les réformes thatchériennes : il fut, lui aussi, réélu trois fois de suite. Aux Pays-Bas, Ruud Lubbers, Premier ministre chrétien-démocrate, a mis en place de terribles coupes budgétaires, notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, ce qui a permis une spectaculaire réduction des déficits publics. Il a aussi privatisé les télécommunications, les postes, les chemins de fer tout en baissant les impôts. Il est resté au pouvoir de 1982 à 1994. Jean Chrétien, le Premier ministre canadien qui a réduit les budgets des ministères de 18 à 30 % et a licencié des milliers de fonctionnaires, a gagné trois élections législatives de suite entre 1993 et 2000. Pareil en Suède, pays étatisé au bord de la faillite au début des années 1980 et soumis à une cure d’austérité sans précédent et à des privatisations massives (transports, postes, télécommunications, hôpitaux…) par un Premier ministre socialiste, Ingvar Carlsson, au pouvoir entre 1986 et 1996.
L’élection de Cameron se rajoute donc à cette liste et prouve, une fois de plus, que c’est bien la réforme qui est la véritable clef pour remporter l’adhésion du peuple et non pas la communication ou l’utilisation des sondages.

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