vendredi 19 juin 2015

La France sous Waterloo mental

Par Lucien SA Oulahbib 

Le processus d'implosion (toujours en cours) n'a visiblement pas encore atteint son paroxysme (cela peut demander des dizaines d'années ou émerger d'un coup) le dernier soubresaut, râle, se fait attendre, doit-on débrancher ou pas se disent déjà les post branchés lorgnant depuis longtemps vers d'autres cieux (le "monde" des points de vue au sens littéral) implorant paradoxalement des poignes fortes puisque la France serait "poignarde" disait Charles (Maurras qui fut aussi le maître de celui dont on vénère, le 18 juin, de moins en moins, l'Appel). Un peu comme ces étoiles qui se recroquevillent avant de se transformer en boule de feu aveuglante époustouflante (la Révolution française) puis en trou noir (la Révolution Russe) vortex redoutables vers l'univers parallèle du changement d'élite aux forceps, peuplés de ces géants que l'on abat et qui tombent au ralenti, ces taureaux qui peu à peu s'affaissent à force de piques (fiscales) saignantes, ces sommets aux neiges éternelles qui s'effritent  (l'Everest s'est pourtant récemment élevé)…
Vivons-nous les dernières répliques du tremblement de terre négatif que furent les échecs
multiformes des dites Révolutions française et de sa pâle imitation la Révolution Russe ou vivons-nous à nouveau la destruction ultime de l'Esprit, de ce qui restait de sublime et avait permis précisément ces révolutions, alors que maintenant tout affinement spirituel s'avère aujourd'hui réduit à une excitation faisant la Une via telle ou telle "polémique" (Quelle était celle de la semaine dernière déjà ? Tout s'accélère visiblement, Retour vers le futur).
D'ailleurs, l'oeil exercé (ou qui le suppose) du veilleur patenté alerte bien quoique vaguement et surtout vainement la prochaine vague de trente mètres de haut en train de se former sous nos yeux pour balayer ce qui reste de cohésion, d'État… une sorte d'hyper égalitarisme effréné souhaitant, au nom "de la lutte contre les inégalités" et contre "l'uberisation" de la vie quotidienne), de réduire mondialement (et "définitivement") les êtres humains, protégés par leur cocon séculaire différencié celui déjà de leur langue "natale", en blocs d'égaux, d'égo programmables sous perfusion, solidifiant leur apparence -prolongement écran de leur portable- en variétés de "selfies" ou d'identité imposée sous peine de ne pas paraître "progressiste" : ainsi cette femme américaine,Rachel Dolezal, sommée de démissionner parce qu'elle aurait menti sur sa couleur de peau, ainsi aussi ce jeune américain désireux peut-être et si naïvement de se débarrasser de cette pression en imitant son aîné le tueur norvégien, les deux voguant sous amphétamines méga-urbaines celles de ces réalités de plus en plus virtuelles et enveloppantes matricées par diverses assistances et assurances morales et mentales assénées à longueur d'opération de "com" qui font de plus en plus office de campagnes électorales permanentes.
Observons que pour accentuer cet état des choses, dont la situation grecque, le bras de fer avec la Russie, les mouvements browniens infra-islamiques ne sont que les symptôme visibles -tandis que la pression migratoire ascendante serait celui de son rythme artériel de plus en plus erratique, il semble bien que deux tendances, contradictoires, décident peu à peu d'émerger :
- D'un côté, celui de la prégnance toujours si étouffante de l'idéologie relativiste postmoderniste du "tout se vaut et après moi le déluge"  confondant liberté et licence l'enseignant même (telles " Les liaisons dangereuses" en Première) comme suprématie de la raison orgueilleuse sur la nature nécessairement servile, confondant émancipation égotiste et affinement, s'excitant aussi par monts et par vaux dans le clientélisme et l'affairisme (d'État également) et dont le cynisme est tel désormais qu'il pourrait se vendre à son pire ennemi (la vague vient par "rafales") s'il lui est promis de pouvoir jouir de ses tares ("encore un instant monsieur le bourreau") un peu comme le nazisme permettant aux miettes souverainistes françaises de se voir ramasser par un Pétain amoindri rabougri mais orgueilleux et qui aujourd'hui apparaît, comble de l'absurde, avoir été le bras et la poigne du "dernier homme" encore solide de la volonté française alors qu'il n'en fut que le moignon (manquant).
- De l'autre côté, à l'opposé supposé, le refus de cette dispersion et implosion se réfugient dans de supposés âges d'or, le dernier en date étant celui des années 70 en France alors que l'on assista au contraire à la métamorphose de la larve soixante-huitarde en vautour étatiste ambivalent, retors, disant tout et faisant le contraire.
Ainsi l'on parlera aujourd'hui dans ce courant de "panne de l'ascenseur social", de "mobilité descendante" s'agissant par exemple de choix de vie préférant l'être à l'avoir alors que ce choix fut pourtant vanté à l'époque et aujourd'hui encore dans ses atours qualitatifs lorsqu'il s'agit d'énoncer quelques rhétoriques autour du développement durable et de l'économie sociale et solidaire dont d'ailleurs l'église catholique se fait de plus en plus la championne oubliant en même temps qu'elle disparaît dans les endroits où elle est née et surtout où elle s'est affermie de façon bien plus affinée que les meilleurs résultats de la philosophie grecque tant vantée (Flaubert en avait fait un livre ambigu "La tentation de saint Antoine").
Il est ainsi étonnant d'observer que dans notre modernité d'aujourd'hui dite "tardive", certains doctes supposés, aidés de façon auxiliaire par un néo-orientalisme nostalgique (de la soumission féminine sans doute), se prétendent toujours supérieures à la Sagesse ancienne (ce que récusait Leo Strauss on le sait) qui, elle, était bel et bien toujours présente tout le long du moyen âge occidental et dans toute sa vigueur gnostique (par exemple la théologie de la "philocalie" et de "l'hésychasme") alors qu'aujourd'hui cet avantage, articulant connaissance et plaisir de la grâce immanente, est nié ou réduit à son aspect quantitatif et scientiste, celui de "l'économie libidinale".
Cette soumission à un néo-orientalisme nostalgique ne manque pas d'aveuglement. Elle ne s'étonne guère par exemple que l'effondrement de l'esprit français fasse renaître  une "nouvelle configuration anti-juive" comme le dénonce Pierre-André Taguieff dans son dernier opus, " Une France antijuive ? ".
J'en ai pu en sentir les effets lorsque sur 43 copies de la cession BEP 2015 sur le français que j'eus à corriger dernièrement, deux copies parlaient en long et large (alors que le sujet concernait les difficultés rencontrés par certains enfants pour s'instruire) des méfaits qu'auraient infligés "Israël" sur les "enfants palestiniens", ce qui en dit long sur l'état des lieux d'une "éducation nationale" qui passe plus son temps à casser l'esprit méritant (pour avoir sa Rolex avant 50 ans) que de forger des esprits bien trempés, réellement mesurés ("nul ne rentre en cette Académie s'il n'est pas Géomètre") capables d'être berger et poète au coeur d'une star up vendant ses produits au monde entier (à Israël aussi) au lieu d'y voir un déclassement sous le prétexte que les parents seraient cadres supérieurs ou hauts fonctionnaires au Ministère de la Culture…
Connaissez-vous d'ailleurs la dernière chose à la mode ? Puisque les classes dites "bilangues" sont en passe d'être détruites parce qu'elles formaient, sans le dire, des classes d'excellence, celles-ci se réfugient encore et toujours dans les classes dites artistiques à horaires aménagés…Avantage ? Il serait difficile d'en casser l'image emphatique, celle de "l'artiste" en herbe alors que celle du latiniste ou germaniste est plus aisée à dé(cons)truire….
Soyons optimiste ; du moins si l'on est, avec  Jacques Bainville, partisan de la France éternelle : ce qui implose sous nos yeux serait en fait l'ancienne forme, celle issue des échecs successifs depuis 1792, alors que la nouvelle forme, française, s'annonce, mais oui, sauf qu'elle a bien peine à surgir encore, et, pourtant, il faut bien l'aider à émerger sous peine de la voir s'étouffer dans son accouchement en marche, l'avenir des enfants (de la patrie) est en jeu. Du moins si l'on y songe un instant sérieusement. Peut-être est-ce cela la dimension hésychaste à atteindre, si ce n'est pas déjà fait…

Le 18/6/2015

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